Aux amateurs d’expositions ambitieuses Paris Chance recommande une superbe et plus qu’intelligente exposition consacrée à Manet. La première de cette importance en France depuis trente ans.
A l’opposé de ces blockbusters qui se contentent de montrer et ne soulèvent aucune question, le « Manet » que nous propose Stéphane Guégan accumule les problématiques. A commencer par le titre, où, refusant justement d’utiliser le passe-partout et « démonétisé » néologisme baudelairien de modernité « qui ne renvoie plus qu’au culte absurde de l’éphémère et à sa consommation fébrile », il préfère « Moderne, avec la capitale de l’adjectif substantivé ». Querelle sémantique diront certains. Que nenni ! C’est précisément tout l’enjeu de l’exposition que de faire voir un Manet « moderne », c’est-à-dire en accord à la fois avec son temps et notre goût, et non la « modernité » de Manet telle que Baudelaire pouvait la discerner chez un Constantin Guys. Ce « Moderne » c’est ainsi la rencontre entre un artiste et un public, rencontre qui dans le cas de Manet fut recherchée avec une intransigeance et une obstination malgré les rebuffades, les incompréhensions et les contresens que commirent même certains de ses plus proches.
D’après la Tribune de l’Art
Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris
Du 5 avril au 3 juillet