Le site Paris-Chance présente régulièrement des personnes talentueuses habitant à Paris. Pourtant, dans la liste de nos protagonistes il y a une ligne à remplir, voir la première ligne puisqu’il s’agit de la fondatrice du site !
Guidée par la volonté de rétablir un oubli, j’ai décidé de l’interviewer.
Présenter ses amis ce n’est pas facile, mais présenter des personnes exceptionnelles, par contre, c’est un immense plaisir. Il y a, donc, une mission spéciale qui m’attend puisque Svetlana étant une femme extraordinaire et talentueuse est aussi ma collègue et mon amie.
J’ai connu Svetlana dans le cadre de ses activités professionnelles. Comme la plupart des femmes, je prête attention à mon physique mais les magazines et les émissions télévisées ne peuvent donner que les recommandations à caractère général. À un certain moment, j’ai eu besoin d’un conseil professionnel. En France, on recourt de plus en plus souvent à la pratique de relooking qui consiste à créer une nouvelle image personnalisée. Parmi une multitude de sites web consacrés à ce sujet, c’est ADFrelooking qui a suscité mon intérêt.
J’ai contacté Svetlana et nous avons fixé un rendez-vous. Nous avons vite trouvé un langage commun ce qui a donné lieu à une coopération intéressante puisque Svetlana m’a proposé d’écrire les articles pour son nouveau grand projet Paris-Chance.
Ma propre expérience est la preuve sans conteste du relooking et des changements qui en résultent. Après une véritable mutation de valeurs, j’ai commencé à voir les choses sous un autre angle en distinguant mieux ce que je dois éviter et ce qui me convient, et ce sans détruire ma personnalité intérieure. Je me suis rendue compte que, au lieu de suivre la mode, il faut savoir faire une sélection de vêtements et d’accessoires pour mettre en valeur mes qualités, dissimuler mes défauts, aboutir à un style personnalisé en étant toujours trendy.
Selon Svetlana, il ne suffit pas de faire attention à son look mais il faut se comprendre et s’aimer soi-même. Mes habitudes et mon alimentation ont beaucoup changé sous son influence. Elle m’a appris à faire des plats exquis à des prix raisonnables sans y passer trop de temps. Je vous révèle un petit secret : grâce à cette nouvelle approche alimentaire, j’ai perdu 12 kg pendant en un an et encore 7 kg en 6 mois sans trop d’efforts et sans même le remarquer. Maintenant, je me sens flattée quand on me demande si avant j’étais mannequin comme Svetlana.
Je voudrais que mon interview vous donne la dimension de cette personne vraiment exceptionnelle. Elle est professionnelle en matière de mode et de stylisme. Pour moi, elle est une vraie FEMME qui suscite dans son entourage une volonté instinctive de l’imiter et de suivre ses conseils.
Il se peut que mon article vous donne la motivation et l’impulsion nécessaire pour vous faire métamorphoser par Svetlana, comme je l’ai décidé pour moi même.
Êtes-vous prêt? Allons-y!
Svetlana, commençons par la question traditionnelle : pourquoi avez-vous choisi le métier lié à la mode ?
Depuis mon enfance, je savais déjà ce que je voulais faire. C’était ma mère, « Madame Grès » à la russe, qui m’a communiqué sa passion pour la mode. Sans être professionnelle dans le stylisme, elle a porté son hobby au niveau plus que professionnel en créant de vrais chef-d’ɶuvres. Moi, j’étais baignée dans l’ambiance de la mode! On possédait une énorme collection de magazines dont certains dataient de 1959.
Mon père, pilote de guerre, était aussi une personne créative : il était très curieux de nouvelles technologies de cette époque, il dessinait, il tournait les dessins animés avec mes jouets préférés. Aujourd’hui, à 80 ans il se passionne pour le monde informatique.
J’aimais beaucoup regarder ma mère travailler. Par exemple, lorsqu’elle faisait les robes de mariage pour ses clientes. Je contemplais les photos des mannequins sur les pages des magazines et je rêvais de devenir un jour aussi belle que ces filles.
Alors, votre rêve était de devenir mannequin ou de créer le vêtement ?
Les deux. Je rêvais d’être créatrice, concevoir les vêtements pour les présenter moi-même sur le podium.
Dans mon enfance, j’ai beaucoup dessiné mais je n’ai jamais fait de vêtements pour les poupées ce qui était un peu étonnant. Par contre, je prenais beaucoup de plaisir à les maquiller.
Ma mère a remarqué ma passion et je lui en suis infiniment reconnaissante. Elle a organisé mes études dans une des meilleures écoles d’art que je fréquentais 3 jours par semaine pendant quatre heures, tout en suivant les cours de graphisme, sculpture, peinture, dessin. Les six années passées dans cette école m’ont beaucoup servi pour mon futur métier.
Ensuite, c’était mon ex belle soeur qui a pris le relais de ma formation esthétique. Jeanne Burger, une femme extraordinaire qui avait du style et du goût. Elle vivait à Düsseldorf depuis 1980. Elle m’envoyait régulièrement les magazines les plus prestigieux, les livres spécialisés ainsi que les vêtements et les accessoires de grands couturiers mondiaux qu’ils étaient impossibles de trouver en Russie à cette époque. Jeanne a dévelloppé mon esprit et a contribué à créer mon propre style.
Quelles étaient vos démarches conscientes visant à réaliser votre rêve?
Après l’école, je n’ai jamais hésité à choisir mon métier, ce choix étant évident depuis mon enfance. Diplomée en tant que désigner de vêtement de mode féminine, j’ai commencé à travailler au Bureau d’études artistiques spécialisées. À cette époque-là, cet organisme pas comme les autres disposait d’énormes ressources. Par exemple, grâce à la politique de coopération et d’amitié entre l’URSS et la France nous avons travaillé avec les patrons de Christian Dior. J’ai eu l’accès à un tas d’informations quasi secrètes. Pour moi, c’était une excellente école professionnelle.
Ensuite, j’ai travaillé au Centre de la mode où je cumulais les fonctions de designer et de mannequin, ou présentatrice de vêtements comme on disait à l’époque. Je me suis trouvée à l’épicentre de tout ce qui était la « mode soviétique ». Au sein de cette société, on organisait les « journées d’esthétiques» qui accueillaient les invités de toute l’Union Soviétique. Ces journées étaient un avant-goût des saisons prêt-à-porter actuelles. Dans ce Centre de la mode, il y avait une salle de démonstration de 700 places, la plus grande en Union Soviétique. C’était l’époque de Gorbatchev et notre salle a accueilli, entre autres, Pierre Carden, Armani, Valentino... J’ai eu la chance de travailler avec eux.
Alors, en ce moment-là vous avez fait la carrière de mannequin plutôt que de styliste?
Au début oui.
(la carrière de mannequin a durée jusqu’à l’âge de 36 ans)
Ensuite, en 1994, le marché russe a vu l’arrivée des magazines occidentaux de la mode. Je me suis inscrite à la première école russe du stylisme « Persona » que j’ai terminée avec distinction. Ceci m’a donné une nouvelle impulsion. Ayant à disposition une équipe de photographes permanente, j’ai démarré comme styliste dans la publicité et dans les magazines de mode. Nous avons été les pionniers : les premières éditions russes des magazines occidentaux tels que ELLE, Vogue, Harpers Bazaar, Mariе Claire, L‘Officiel..... Parmi mes collègues de cette époque-là, on peut citer Mikhail Koroliov et Vladimir Fridkes qui sont actuellement reconnus au niveau mondial en tant que photographes.
Quel était votre rôle dans cette équipe?
Ça dépendait : parfois, uniquement le maquillage et la coiffure, parfois il fallait créer une image parfaite de A à Z y compris le choix des vêtements confomément à la tâche imposée. Ma propre expérience professionnelle en qualité de mannequin m’a beaucoup servi: je savais comment bouger, quelle position on devait prendre et je pouvais l’expliquer aux autres. Parfois j’ai dû travailler avec des jeunes filles qui avaient peur, qui se sentaient gênées devant la caméra. Une ambiance spéciale, je dirais « optimale », devait régner sur le plateau de tournage pour éliminer tout facteur pouvant avoir un impact négatif sur le résultat final.
Avez-vous travaillé avec les célébrités, les « stars » ?
Oui, il s’agissait de créer une image présélectionnée plutôt qu'un style de vie. Par exemple, préparer un acteur célèbre à l’interview après la sortie d’un de ses films. Normalement, j’ai travaillé avec les « stars » et les hommes politiques russes. Aussi, ai-je coopéré avec les éditions russes. À la fin des années 90, quasi toutes les célébrités sont passées entre mes mains. Cette liste est infinie. La seule star qui ne figure pas sur cette liste est Alla Pougatchiova
Chaque magazine a son format à respecter. La rédaction nous fixait la tâche, formulait le concept de base pour créer le thème, et l’image adaptée à cette histoire. Par exemple, nous avons fait une séance photo pour Vladimir Poutine à la veille de ses premières élections présidentielles. Notre mission consistait à le présenter dans une ambiance chaleureuse et très conviviale. J’espère que nous y avons réussi. À vrai dire, l’image que avons créée est artificielle, voire un peu « forcée », mais à l’époque c’était comme ça les règles de l’art dans mon métier.
À cette époque, Isabella Blow s’est déplacée à Moscou. Véritable « gourou du monde fashion », elle a fait découvrir beaucoup de noms tels que Alexander McQueen, Hussein Chalayan et Philip Treacy ainsi que beaucoup de top models. Elle a porté la collection de McQueen et nous avons fait une séance shooting pour le magazine The Sunday Times.
On devait créer une image complète: maquiller, coiffer les mannequins et éventuellement, sélectionner les accessoires
Comment vous vous êtes trouvée en France ? C’était un grand rêve ou un hasard ?
Je ne me suis pas fixé l’objectif de poursuivre ma carrière en France. Pourtant, en jetant un coup d'oeil rétrospectif pour analyser tous les événements précédents, je me suis rendu compte que la vie me propulsait discrètement vers ce pays.
Par exemple, lorsque Pierre Cardin s’est déplacé à Moscou en 1987, il a proposé à cinq jeunes filles de venir travailler à Paris. J’ai fait partie de ces invitées mais mon départ était impossible à cause de ma famille, de ma fille. La profession de mon père était aussi un obstacle à mon éventuel départ.
En 1996, j’ai visité le studio Visiora à Paris pour un stage de maquillage professionnel et d’image scénique.
Paris. Avril 1996. Les rêves se réalisent! Les produits M. A. C sont reconnus meilleurs parmi les produits de beauté à usage professionnel
Comme chaque touriste, j’ai visité le Trocadéro pour faire quelques photos devant la Tour Eiffel sur laquelle on installait le compteur à rebours « 1000 jours avant l’an 2000 ». Dans mon enfance, j’avais un présentiment lié à l’an 2000. J’avais l’impression que cette date devrait changer radicalement ma vie.
Paris. La place du Trocadéro. Avril 1996. 1000 jours avant l’an 2000.
C’est bien en 2000 que je suis partie en vacances, pas en France, dans un pays étranger que j’ai rencontré l’homme de ma vie.
C’était une histoire très romantique, d’après ce que je sais.
Oui, c’était une histoire extraordinaire. 10 ans après cette rencontre, la journaliste Yana Jiliaéva l’a racontée dans son livre.
Je voudrais dire une chose : la décision de tout laisser pour partir à l’étranger a été le fruit d’une longue réflexion. J’avais déjà 38 ans. Ma carrière était en plein développement. Je venais de devenir l’érégie de la campagne publicitaire de cigarettes «Le style russe»: d’abord, on m’a proposé la fonction de styliste mais après, le concept de la campagne imposait une protagoniste de plus de 35 ans, au physique plus jeune que l’âge réel. Après le casting qui n’a pas donné de résultat avec les candidates, ce rôle m’a été proposé. C’était un triomphe ! Les prises de vues destinées pour la publicité interne des magazines de la mode ont très vite « envahi » toute la Russie : il y avait partout des gros panneaux d’affichage et des lightbox!
Tout ce à quoi je tenais se trouvait à Moscou : ma fille en classe terminale, mon père, le travail que j’aimais, les missions intéressantes autour du monde, mes amis...
Svetlana évite le superlatif lorsqu’elle parle de ses succès mais c’est un fait réel : dans le top 50 des moscovites les plus élégantes en 2001, Svetlana Boulytchova (le nom qu’elle portait à l’époque) s’est classée première ! Loin devant certains personnes très connues à ce jour.
C’est après une mûre réflexion que j’ai accepté la proposition de mon époux. On devait mettre à l’épreuve nos sentiments. Un an s’est écoulé avant que je lui disse « OUI! » Finalement, j’ai décidé de recommencer tout à zéro : un autre pays, une autre langue, la culture, la mentalité – tout était différent.
Selon vos amis et d’après ce que je vois moi-même, votre vie conjugale est réussi. Pourtant, vous avez commencé à chercher les voies professionnelles.
Je ne pense pas qu’être une épouse soit un métier. Il y a les femmes qui trouvent sa réalisation personnelle au niveau familial ce qui les rend absolument heureuses. Je les admire mais moi, je suis différente. Moi et mon mari, nous avons des enfants d’un premier mariage, donc, aucun projet d’avoir un enfant commun ne s’imposait. En ce moment-là, ma fille faisait ses études à l’Institut d’Architecture de Moscou et elle a privilégiée ses études en Russie. J’ai vite compris que le rôle d’épouse ne me suffisait pas.
Au début, je vivais entre deux pays: soit je partais à Moscou lorsqu’il y avait des projets intéressants, soit mon équipe venait ici. Parfois on tournait à l’étranger ce qui est le cas de beaucoup de magazines.
En 2012, il y a eu la parution de l’album photo « Ève mitochondriale » de Mikhail Koroliov. La fonction de Svetlana dans ce projet était non seulement mannequin mais aussi styliste. L’idée de ce livre prend son origine en Italie avec cette photo qui a été prise il y a 8 ans.
Comment avez-vous eu l’idée de créer une agence de relooking ?
Pas à pas. Je pense que cette idée « volait dans l’air » étant conditionnée par l’esprit du temps. La Russie a beaucoup changé, les gens pouvaient visiter les autres pays, ils adoptaient d’autres modes de s’habiller. En ce moment-là, j’avais de l’expérience de travail avec les mannequins professionnels, je connaissais quelques astuces de réalisations photographiques. Il y avait des gens qui me contactaient régulièrement pour se faire aider : sans avoir le physique et surtout la silhouette de mannequin, ils voulaient être beaux et élégants. J’ai eu l’idée de faire une formation complémentaire.
Il est vrai que mes connaissances étaient assez vastes, je savais comment faire les vêtements, comment les adapter mais, de l’autre côté, il existe un tas de nuances y compris sur le plan psychologique à ne pas négliger. J’ai choisi l’école LookInstitute à Paris. En résultat, sur 10 étudiants de notre groupe il n’y avait que 2 personnes diplômées : moi et une fille japonaise.
L’école terminée, il m’est venu à l’esprit de créer ma propre société.
Pourquoi l’avez-vous appelée «Alexandra Dal Farra» adfrelooking.ru?
C’est simple: les français ont du mal à pronocer Svetlana tandis que le prénom Alexandra me plaisait depuis longtemps. Il harmonise les polarités féminine et masculine. Il est assez international et sonne bien en toutes les langues.
Ce terme très tendance reste énigmatique pour l’oreille russophone. En fin de comptes, qu’est-ce que signifie le «relooking»?
Ce terme est considéré « très tendance » uniquement en Europe. Malheureusement, en Russie il ne s’est pas implanté. Le relooking étant au début un service d’élite prend son origine à Hollywood dans les années 50 du siècle dernier. C’est grâce à ce procédé que nous connaissons les femmes cultes telles que Marilyn Monroe, Elizabeth Taylor, Jacqueline Kennedy, Grace Kelly, Audrey Hepburn. Il s’agissait de créer non seulement une image scénique mais un style incontournable à base des particularités personnelles de chaque femme : son caractère, ses gestes, sa silhouette. On « lisait » ce look à partir des données extérieures et intérieures de la femme pour les faire « structurer » et «rectifier » par des professionnels. Cette image n’était pas du tout artificielle. La femme ne la portait pas comme un masque de scène ou d’écran. Elle vivait dedans. Et ces femmes restent toujours les icônes de style pour nous.
Le relooking, peut-il être considéré comme le changement d’image?
Les hommes comme les femmes ont besoin de se faire relooker puisque, indépendamment de notre appartenance sexuelle, on se laisse souvent dominer par le mécontantement et la dévalorisation personnelle. Ma mission professionnelle, c’est de tirer au clair toutes les qualités cachées. Chaque individu est unique, son corps est aussi unique. Je me donne pour objectif de sélectionner les vêtements parfaitement compatibles avec mon client ou ma cliente en mettant en valeur sa beauté et son originalité. Je crée une image harmonique, je choisis une coiffure et un maquillage adaptés au lieu de faire une déco avec les produits des marques prestigieuses. En ce qui concerne les vêtements, je tiens à la pureté des lignes, à la perfection technique ainsi qu’à des formes optimales. Ensuite, il ne me reste qu’à choisir les accessoires pour accentuer certains points. Il est évident que le nouveau look sera personnalisé et stylé plutôt qu’ultra braché ! Chacun de nous est unique mais nous l’oublions toujours !
Ensuite, j’apprends à mon client à s’aimer soi-même, à se soigner, à faire des achats de façon optimale et économique. Ne vous étonnez pas puisque c’est un argument très actuel, je travaille avec les clients qui sont très différents sur le plan financier.
Vu que le relooking est un service assez coûteux, le client peut avoir des craintes quant au risque d’être insatisfait par le résultat final.
Chaque métier attire non seulement les professionnels mais aussi les charlatans. En outre, on confond souvent le métier de shopper professionnel et de conseiller en matière de stylisme personnalisé. La mission du premier consiste à faire les courses avec vous. Il connaît bien les magasins, il parle français et peut négocier une remise sur le prix. Il peut aussi vous procurer un objet super trendy qui n’est pas disponible dans le commerce. Mais la conformité des objets achetés avec votre style et votre état d’âme n’est pas son souci. Il a intérêt à obtenir ses commissions dont le montant dépend du prix que mettez dans vos achats. En résultat, vous aurez les vêtements les plus tendance provenant des marques les plus prestigieuses mais le style ? Aurez-vous du style avec tout cela? Je n’en suis pas sûre.
Mon objectif consiste à vous aider à créer un style personnalisé et incomparable à base des tendances actuelles. Le service est assez cher, c’est vrai. Mais il ne s’agit pas d’y accorder un jour pour venir me voir, écouter mes recommandations et devenir une autre personne ! Non, c’est un grand travail mais le résultat, vous pouvez me croire, en vaut le coup ! C’est comme apaiser la faim. On peut le faire de façon différente : manger un sandwich sans interrompre sa course ou se délecter d’un plat exquis dans une ambiance agréable. Je crois que cet exemple est assez illustratif...
Projet spécial avec la société "Main People" (hiver 2009. Les vêtements et les accessoires DIOR)
Ne pourriez-vous pas raconter à nos lecteurs comment se déroule le relooking?
D’habitude, après le premier contact à distance (par correspondance) je propose de remplir un questionnaire assez détaillé. Ce n’est pas une simple formalité puisque ces réponses déterminent mon travail. Je dois savoir non seulement le tour de vos hanches, votre taille et votre poids mais aussi vos préférences, votre métier, vos intérêts et vos passions, le mode de vie que vous menez... Il est très important que vous soyez ouvert pour que je puisse voir clair dans votre personnalité. Tous ces renseignements me servent de base pour déterminer un concept et une certaine image à incarner au bout de mon travail. En fin de compte, vous produirez l’impression désirée.
Ces changements ne sont pas immédiats. Changer radicalement le teint ou se faire couper les cheveux est une solution facile mais je me permets une quesion : serez-vous bien à l’aise avec ce nouveau look ? Tout commence par un contact écrit. Si on arrive à dialoguer et à établir une ambiance confidentielle, on fixe un rendez-vous.
J’attribue une importance particulière à la façon de s’habiller de mon client. Si je ne peux pas voir sa garde-robe de mes propres yeux, je demande de m’envoyer quelques photos ainsi que de me faire voir les vêtements, les chaussures ou les accessoires qu’il a choisis pour venir à Paris. Cela me donne une idée de ses marques préférées.
Aux étapes ultérieures, vous vous référez toujours aux préférences du client ?
J’y prête beaucoup d’attention. On ne peut pas violer la nature humaine. Par exemple, si la femme tend à un look sexy, je suis toujours pour. Mais si c’est vulgaire, je suis contre. Une provocation insensée ne peut qu’attirer, par exemple, que des hommes qui cherchent des aventures. Ma tâche consiste à éliminer la vulgarité en filtrant la sexualité naturelle pour la mettre en valeur par le biais des procédés fins et raffinés.
Arrive-t-il que les couleurs auxquelles votre client est fidèle ne lui conviennent pas du tout ?
C’est une erreur très courante. Même si vous aimez les couleurs que porte votre copine ou une célébrité ce n’est pas une raison suffisante pour les introduire dans votre garde-robe. Afin de corriger cette erreur, j’organise un test spécial et mes clients voient clairement comment les couleurs peuvent s’harmoniser avec le teint de leur visage en dissimulant les imperfections éventuelles de leur peau, les rides, les yeux battus ou, au contraire, mettre en évidence tous leurs défauts.
La question «Quelle figure ! Tu te portes bien?» peut être due à un foulard mal assorti ?
Bien sûr ! Les femmes blondes commettent souvent la même erreur : elles mettent des couleurs noires à proximité directe de leur visage. La couleur que je conseillerais dans ce cas, c’est le bleu foncé, couleur aubergine ou chocolat... Il est à préciser qu’il s’agit de la couleur en contact ou à proximité directe du visage. En ce qui concerne la jupe ou le pantalon, il faut faire le choix en fonction de la silhouette en harmonie avec le vêtement de la partie supérieure du corps.
À la fin de notre collaboration, le client ou la cliente obtient un dossier personnel avec la liste de toutes les couleurs et des silhouettes qui lui conviennent. Ensuite, certains clients agissent tout seuls, certains se font consulter par moi de temps en temps.
À votre avis, est-ce que la femme actuelle doit tenir beaucoup à son physique, à un maquillage adapté, par exemple ? Aujourd’hui on préfère le confort plutôt que la perfection.
À mon avis, une vraie femme ne peut pas préférer l’un à l’autre. Le confort est aussi important que l’attrait physique. Heureusement, la mode actuelle nous donne toute la liberté de choisir les vêtements qui se combinent parfaitement bien en réunissant le confort et l’idée du beau et du sublime. Si vous n’avez pas l’habitude de marcher avec des talons aiguilles de 12 cm personne ne vous oblige à le faire. Sinon, vous risquez de vous fouler le pied. Par contre, si vous travaillez au bureau sans aucun dress code spécial, il ne faut pas passer d'un extrême à l'autre en mettant un jeans, une chemise à carreaux, les chaussures de sport et une veste en duvet. La gamme de jersey et de lainages est assez vaste. Ces vêtements sont très pratiques. Un pull peut être toujours accessoirisé par un joli sautoir. Les chaussures à talons bas peuvent aussi être très élégantes. En fin de comptes, pour moi les vêtements pratiques ne sont pas synonymes des vêtements inesthétiques ou démodés.
Après avoir démarré l’agence de relooking, vous avez décidé d’entamer un nouveau grand projet «Paris-Chance». Parlez-nous-en.
Une idée a engendré l’autre. Mes clients provenant d’autres pays s’intéressent beaucoup aux événements culturels qui se déroulent à Paris. On me demande des renseignements pratiques, par exemple, sur les expositions à visiter, les restaurants, les hôtels. Je vis à Paris depuis 12 ans et mon expérience ainsi que la position d’« insider » peut servir dans ce cas. Les gens obtiennent les informations utiles de première main.
Mais ces renseignements, on peut les trouver dans les guides et les bouquins touristiques ?
Les guides offrent souvent les renseignements sur commande des hôtels et des restaurants qui paient cette information. En plus, cette information n’est pas régulièrement mise à jour. J’ai décidé de créer un projet pour informer non seulement sur les établissements à destination touristique mais aussi sur les lieux préférés des français. Les français sont connus pour leur art de vivre et un goût particulier pour les restaurants exquis, les hôtels exceptionnels au charme inégal souvent ignorés par les touristes. Ces renseignements sont désormais présentés sur notre site.
Notre objectif, c’est de faire découvrir la France authentique, sans « emballage touristique ». Nous recommandons uniquement les établissements qui ont été « testés » par moi personnellement ou par notre équipe d’experts. Nous suivons les événements d’intérêt particulier qui se déroulent à Paris : il s’agit des expositions, des hôtels, des restaurants – pas forcément nouveaux, il suffit qu’ils suscitent notre intérêt. Moi, personnellement, je suis très impliquée dans ce projet et je suis heureuse de pouvoir partager mon expérience avec les visiteurs de Paris-Chance en les faisant découvrir un autre Paris, un Paris authentique.
Notre produit se réfère au secteur des services haut de gamme étant destiné à ceux qui comprennent que le vrai luxe signifie une qualité indiscutable « à l'endroit et à l'envers ». Que ce soit un costume, un sac ou un parfum sur mesure, vous serez ravis par le style incomparable. Tout ce que nous faisons et proposons sur le site Paris-Chance est d’une qualité exceptionnelle issue de l’implication personnelle de l’auteur.
Dans le futur, nous prévoyons d’organiser les voyages passionnants à Paris pour la clientèle féminine au format « petite fête entre filles » où sera prévu un tas de choses intéressantes telles que les rencontres, les écoles de cuisine avec des chefs étoilés, et bien sûr le shopping. Nous faisons le maximum pour contribuer au développement du secteur touristique, surtout, en ce qui concerne la beauté et la santé. En Russie, les services des médecins et des chirurgiens esthétiques français sont revendus par une dizaine d’intermédiaires qui gonflent les prix à des tarifs exorbitants. Grâce à mon partenariat avec les meilleurs spécialistes, vous vous ferez consulter, examiner et soigner à des prix français, c’est-à-dire, vous payerez autant que paient les français, soit le prix coûtant.
Dans le cadre de ce projet, poursuivez-vous la rubrique des conseils de mode et de stylisme, proposez-vous le service de relooking en ligne ?
Dans la rubrique «Le style de la parisienne», nous proposons les conseils en tenant compte de la mentalité et du mode de vie des parisiennes qui sont de plein droit reconnues comme les femmes les plus élégantes au monde. En outre, je gère la rubrique «Abécédaire du style» où je fournis les recommandations de base en matière de choix de vêtements, de maquillage et d’accessoires.
Pourtant, on me pose souvent la question sur les consultations en ligne, en particulier, via Skype. J’ai compris qu’il existait une forte demande pour ce type de service. Actuellement, ce service est disponible. Evidemment, il coûte beaucoup moins cher que la consultation « sur le vif » mais je ne dirais pas que le résultat soit très différent. Une petite remarque : la consultation en ligne ne prévoit pas de shopping en commun. Pourtant, si le client (ou la cliente) me communique la somme dont il dispose je peux faire une sélection personnalisée des vêtements et des accessoires qu’il peut s’offrir. Guidé par cette suggestion, le client fait ses courses tout seul. Pour le reste, tout se passe dans le cadre de notre communication via Skype qui aboutit à l’établissement du même dossier que pour le relooking « sur le vif ». Ceci veut dire que l’efficacité du service est identique à un prix 10 fois moins élevé.
Là, je parle non seulement du coût de ma consultation mais d’un tas de frais supplémentaires liés au séjour à Paris. Skype est une invention vraiment géniale ! La consultation en ligne permet de communiquer beaucoup de renseignements utiles pour donner à mon interlocuteur une impulsion d’aller de l’avant. Pour être juste, il faut dire que la consultation « sur le vif » assure, quand-même, un résultat plus « vif » puisque je suis plus libre dans mes démonstrations pour apprendre à la cliente à se maquiller, à se coiffer, même à faire des achats. En plus, on peut se faire rembourser par le service Detaxe à l’aéroport.
Qu’est-ce que vous pensez de la mode actuelle ?
Pour moi, la mode est un art. Les vrais personnages cultes du monde fashion sont restés au siècle passé. Il y a plusieurs stylistes qui suscitent mon intérêt mais il n’y en a aucun que je pourrais suivre sans réserve. Bien que la mode actuelle réunisse les personnes douées et cultivées, elle ne fait que citer les grands couturiers du siècle passé et décliner les sujets vintage. Certains jeunes couturiers arrivent à le faire avec virtuosité, certains n’y réussissent pas tellement. Le relooking ainsi que le style ne suit pas la mode et ne dépend pas des dernières tendences fashion. Je suis au courant de tout ce qui se passe dans le monde de la mode puisque cela fait partie de mon métier. Je dois être bien informée, je dois actualiser régulièrement mes connaissances mais sans chauvinisme, sans me lancer à corps perdu dans chaque nouveau trend pour l’imposer à mes clients ou l’essayer moi-même. Pourtant, il ne faut pas oublier que la mode actuelle nous fournit un nombre illimité d’opportunités pour créer un style personnalisé incomparable et rester absolument unique!
Interview réalisée par Svetlana Kisseliova
27.04.2013
Traduit par Anna Zalevska